Restauration Salmson S4 61 – 1950

salmson

Restauration complète d’une berline Salmson S4.

Le véhicule est une voiture de famille arrêtée depuis fort longtemps. Le temps est venu de lui redonner ses lettres de noblesse.

Techni-Tacot doit réaliser les opérations suivantes de restauration :

  • déshabillage complet avec séparation caisse châssis,
  • remise en état châssis,
  • remontage d’un pont de rapport courant à la place du modèle « court » pour zones montagneuses
  • reconditionnement du système de freinage à câbles,
  • reconstruction structures bois et travaux de carrosserie,
  • reconditionnement moteur et organes périphériques,
  • conception d’un faisceau électrique avec protections ajoutées
  • sellerie-habillage

En somme une restauration complète.

moteur salmson S4

Histoire du véhicule et photos d’époque de la Salmson S4 61 :

Cette Salmson S4-61 est sortie le 20 avril 1950 de l’usine du point du jour à Boulogne Billancourt, numéro de série 62550. De couleur bleue pétrole, elle est livrée à Monsieur R. à Grenoble. Elle est très probablement équipée d’un pont court pour gravir plus facilement les cols de cette région montagneuse. Sa première immatriculation est 41 A 38. C’est donc la quarante et unième voiture immatriculée dans l’Isère avec le nouveau système d’immatriculation lancé à l’époque.

Le 20 mars 1958, c’est une voiture d’occasion, elle change de propriétaire. Elle est alors immatriculée 561 AC 05, dans les Hautes-Alpes. Elle est achetée par un garagiste de Gap et commence une nouvelle carrière comme taxi. Avec sa boîte Cotal et son pont court, elle effectue de nombreuses courses dans la région gravissant les cols sans problème. Pour bien résister aux fessiers des clients, l’intérieur est doté de housses en simili rouge. Elle est aussi repeinte en bleu-vert.

Fin 1966, Marc est un précurseur, il est déjà un jeune collectionneur de voitures anciennes. et fréquente la casse KINTZ à Veynes. Il s’y rend pour acheter des pièces de Citroën C4 et tombe sur cette belle Salmson qui est déjà sur la rampe menant au broyeur de la casse ! La Salmson a 17 ans, est démodée et n’intéresse plus personne. Le sauvetage est rapidement conclu pour une somme modique. La photo qui la montre immatriculée 561 AC 05 avec une Juva 4 en arrière plan a été prise ce jour là dans la casse. Une fois munie d’une batterie, elle part par la route.

Histoire du véhicule et photos d’époque de la Salmson S4 61 :

Yann, fils de Marc, fait probablement connaissance de la Salmson à cette époque et sa maman, Madeleine apprécie également beaucoup cette jolie voiture.

Elle devient voiture de collection et est immatriculée 24 GS 87 le 17 janvier 1967. Elle participe à des rallyes d’amateurs de l’époque (photo jointe). Très fiable, elle n’aura jamais besoin de gros travaux. Le moteur ne sera jamais ouvert.

En 1971 elle est repeinte en blanc. Au printemps 1980, elle fait son dernier Rallye avec Olivier, frère de Marc qui aime beaucoup la Salmson et l’utilise souvent. Il repeint les ailes en marron clair, elle devient bicolore.

Commence ensuite une très longue période d’immobilisation de 1980 à 2010 avec un stockage dans de mauvaises conditions.

Après un sommeil de trente ans, Yann sort la Salmson en avril 2010 pour la stocker dans un garage digne de ce nom. La Salmson est alors immatriculée en collection CY 850 YD.

En 2017 Yann tente de la remettre en route, mais il s’avère que les quatre soupapes d’échappement sont grippées… Il va falloir envisager des travaux plus sérieux.

En 2019, avec l’assentiment de Madeleine, une restauration complète est lancée.

Le 18 septembre un transporteur emporte la Salmson vers de nouveaux horizons. Elle est confiée aux bons soins de Techni-Tacot.

Séparation caisse / châssis de la Salmson S4 – 61 :

La dépose des éléments de la partie avant est fastidieuse car les liaisons sont réalisées par des vis de Ø4mm avec des cages à écrou archaïques complètement bloquées par la rouille. Le radiateur ne peut sortir qu’en déposant la calandre (information qui peut avoir son importance en cas de réfection ou de détartrage). L’ossature en bois est fixée avec des tires fond  comme pour les véhicule d’avant-guerre. Le groupe propulseur est composé d’une boîte Cotal. Le faisceau électrique bien que datant du début 50 est encore en fils recouvert de coton.

Séparation caisse / châssis de la Salmson S4 – 61 :

Le plancher en tôle, est oxydé mais sans corrosion perforante (visuellement). Les moquettes en laines ont été détruites par les mites ou les rongeurs. L’intersection des éléments de carrosserie est très corrodé et nous demandera de nombreuses greffes de tôle. L’ossature de bois est atteinte dans les zones proches des extérieurs ou des soubassements.

Séparation caisse / châssis de la Salmson S4 – 61 :

Dès que possible la structure sera reposée sur le châssis restauré (il faut éviter qu’elle ne se déforme trop) avant d’aller vers l’atelier d’ébénisterie automobile.

Désassemblage du moteur de la Salmson S4 – 61 :

Fabriqué à Billancourt comme d’autres célèbre moteur Renault plus récent, la conception du moteur Salmson est intéressante . il offre au premier coup d’œil une architecture élégante, rationnelle. Technologiquement, il apporte le grand avantage d’une culasse à double arbre à cames en tête. Les fonderies sont de grande qualité avec une finition de surface soignée. On regrette le fonctionne en thermosiphon qui réduit la capacité d’échange thermique en période chaude. Une pompe aurait été la bienvenue.

Désassemblage du moteur de la Salmson S4 – 61 :

Le montage de la culasse au bloc est réalisée par écrous-goujons. Hélas, au fil des années, les goujons finissent par devenir solidaires des pièces qu’ils traversent. Quatre d’entre eux, nous compliqueront la séparation. A force de dégrippant, chocs thermique, la culasse en fonte sera extraite sans casse. Le bloc moteur en fonte aussi, ne pose pas de problème d’extraction.  Les pistons apparaissent au jour : pas de trace de surchauffe, mais des segments cassés.

Désassemblage du moteur de la Salmson S4 – 61 :

La transmission aux arbres à cames est réalisée par un renvoi d’angle. Le mouvement est pris au niveau du vilebrequin. Les usinages et tailles de pignons sont magnifique et quasiment inusable. Un second renvoi d’angle relie l’allumeur.  La ligne d’arbre en 3 paliers est réalisées sur coussinets en bronze régulé, les bielles sont régulées.

Déshabillage du châssis de la Salmson S4 – 61 :

Moteur, boîte, pont, trains avant et arrière sont déposés. Un nettoyage haute pression et à la vapeur permet de travailler sur des pièces débarrasser de leur couche de cambouis. Le châssis est ensuite déshabillé de tous ses accessoires, câbles, fixations, canalisation carburant. A ce stade, nous vérifions soigneusement l’intégrité du châssis pour détecter d’éventuelles traces d’accident ou autres anomalies.

Restauration du châssis de la Salmson S4 – 61 :

Le châssis nu est sablé. L’acier débarrassé des couches de peinture et de goudron révèle totalement son état. Nous en profitons pour effacer les restants de projection de soudure de l’époque, les défauts d’aspect lors des manipulations.

Les différents filetages sont passés au taraud pour un remontage facile et exempt de débris.

Restauration du châssis de la Salmson S4 – 61 :

Étant donné une corrosion légère qui rend granuleux l’état de surface, nous appliquons sur le phosphatant un apprêt garnissant qui comblera en majeure partie les petits cratères disgracieux. Après ponçage, quelques masticage légers de finition, rendrons l’aspect lisse comme une carrosserie.

Restauration du châssis de la Salmson S4 – 61 :

Application de 2 couches de laque bi-composant sur le châssis.

Remise en état du pont de la Salmson S4 – 61 :

otre client nous informe que la voiture, du temps de son fonctionnement, semblait tirer très court et ne permettre qu’une faible vitesse de croisière pour un régime moteur haut.

Sachant que :

  • le couple conique du pont est un 11 x 52 soit environ 0.211,
  • que la boite Cotal est en prise directe en 4ème (rapport 1 x 1),
  • que la circonférence d’un pneu Michelin 165 x 400 est de 2.059 m,

Calculons la vitesse du véhicule pour 1000 tr/min moteur :

1000 x 0.211 x 2.059 =environ 434 m/min, environ 26 km/h.  Le véhicule se déplacera à 104 km/h pour un régime de 4000 tr/min. De toutes évidences, le véhicule tire court.

Concernant l’état du différentiel : à première vue, sans démontage ni dégraissage, le pont semble en état convenable. Mais de plus près il en est tout autre …

Remise en état du pont :

Après dégraissage, il apparait que l’immobilisation prolongée dans une atmosphère très certainement humide, a eu raison de l’acier. On peut voir très nettement la démarcation sur la couronne. Le pignon d’attaque est en mauvais état aussi. Il faut envisager le remplacement du couple conique.

Moyeux arrière  de la Salmson S4 – 61 :

Le démontage et l’extraction se fait après dépose des bagues filetées de verrouillage et la pose d’un extracteur à inertie. Les roulements sont encore courants. Nous les remplaçons par des pièces issues des grands fabricants comme Timken, SKF, etc. en utilisant une graisse de haute qualité (bleue ou verte) et avons depuis très longtemps banni la graisse basique jaune.

Freinage de la Salmson S4 – 61 :

Avec cette voiture, nous ne vous parlerons pas des vertus bénéfiques de l’utilisation du liquide silicone en lieu et place du DOT car le système de freinage est par câbles. Nous faisons refabriqués chaque câble.  Les mâchoires sont regarnies par collage en usine, les tambours rectifiés et les mécanismes de poussée restaurés comme il se doit. Autre détail important, tous les axes, paliers de guidage, palonnier, sont rectifiés ou refabriqués pour supprimer tous les jeux apparus avec la forte utilisation du véhicule et son âge important. Ainsi, une faible course sur la pédale de frein entraînera un début de freinage. Un gage de sécurité car la distance de freinage est aussi liée au temps d’action du système.

Tambours de la Salmson S4 – 61 :

Dépose du couvre flasque extérieur (protection des garnitures contre les projections d’eau), décapage, rectification pour supprimer l’ovalisation et retrouver une zone de friction régulière, remise en état du couvre flasque avec visserie laiton et laquage face externe.

Amortisseurs avant à friction de la Salmson S4 – 61 :

Le principe est basé sur une pièce de friction prise entre deux flasques en acier contraintes par un ressort. Cela procure un ralentissement des oscillations de la suspension, mais l’efficacité de ces amortisseurs archaïques est loin d’égaler celle des hydrauliques. Cependant, nous nous employons à les restaurer.

A notre grande surprise, les anneaux de friction réalisés dans du buis, sont en excellent état. Un dégraissage puis un brossage leur rende leur fonction et aspect. Le reste du mécanisme reçoit nos habitudes de travail. Les flasques sont conservées décapées mais vernis pour protéger l’acier de la rouille. Les paliers de rotation reçoivent de nouvelles bagues en bronze et les axes sont refabriqués par usinage.

Pièces de suspension de la Salmson S4 – 61 :

L’ensemble du châssis va demander de très nombreuses re fabrications et travaux d’usinage. C’est un des points qui différencie les « retapes » souvent pleines de bonne volonté, du travail en profondeur (long, conséquent et coûteux). Trop souvent des véhicules sont remis en état sans cette connaissance technique, sans investissement important, pour aboutir à une vieille voiture avec une belle carrosserie mais qui fonctionne mal. Il faut accepter l’idée que des pièces qui ont des décennies , des km d’utilisation, sont obligatoirement usées, déformées, non sécuritaires, etc. C’est parce que nous nous travaillons avec cet esprit technique accompagné d’un soin du détail que nos restaurations offrent à leur propriétaire un fonctionnement agréable, fiable, confortable en rapport avec la conception de l’époque.

Restaurer un véhicule ancien ne se résume pas à un dégraissage à l’essence, un remplacement des joints, un bon coup de graissage et une peinture pour faire beau.

Pivots de direction de la Salmson S4 – 61 :

La conception des pivots de suspension est originale. Cette très belle fabrication comporte certaines maladresses liées aux connaissances encore hésitantes datant d-avant guerre. Le serrage des rotules est lié à la cale de pré contrainte en forme de  » C « . Réduire son épaisseur augmente le serrage de la rotule. Cependant, comme aucune pièce faisant ressort ne compose l’articulation, le réglage est précis et nécessite graissage et surveillance pour éviter l’apparition d’un excès de jeu (bruit de claquement). Comme nous disposons de 2 trains, nous avons préféré restaurer le second qui était équipé de graisseurs dans les sphères.

Pneus et jantes de la Salmson S4 – 61 :

Sablage, remise en forme, apprêts, ponçage, laquage. La monte d’origine 150/160 x 40 Michelin est choisie à la place du 165×400 trop petit. Ainsi la voiture retrouvera son allure et sa démultiplication.

Mais nous allons apporter une amélioration importante concernant le fait que ce modèle de voiture tire trop court d’origine. Je vous invite à lire la rubrique « Pont et démultiplication » dès sa publication.

Remontage du châssis de la Salmson S4 – 61 :

Les lames de suspension reçoivent des silent-bloc neufs. Les trains sont pré assemblés puis présentés au châssis. Deux mécaniciens ne seront pas de trop pour bander les suspensions et faire coïncider les oeillets avec les points de fixation.

Remontage achevé du châssis de la Salmson S4 – 61 :

Un châssis fin prêt à recevoir motorisation et carrosserie. En attendant que la structure en bois soit reconstruite par notre ébéniste, celle-ci est fixée sur le châssis pour éviter qu’elle ne se détériore.

A suivre …

Anecdote avec la Salmson S4 – 61 :

Il aura fallu plusieurs décennies pour découvrir la cache secrète du chauffeur fumeur. Pendant la restauration du volant, Rémi notre jeune mécanicien a mis à jour l’astucieuse planque. Une Gauloise Disque bleu, encore emballée attendait la pose clop, bien à l’abri derrière le centre de volant.

Dynamo – Salmson S4 – 61 :

Il s’agit d’un modèle à trois balais, équipé d’un conjoncteur simple, sans régulateur. Je vous invite à lire le « sublimissime » article sur nos cahiers techniques qui vous aidera, je le souhaite, à démystifier cette intéressante machine à excitation interne.

Le traitement sera du m^me genre que pour le démarreur. La dynamo se passée sur notre banc d’essai afin de valider sa charge.

Démarreur – Salmson S4 – 61 :

Celui -ci est en triste état. Nous devons l’opérer pour sauver l’induit. Après rectification du collecteur, nous le contrôlons sur un grognard pour nous assurer qu’aucune enroulement n’est défaillant. Ensuite nous remplaçons les paliers et les charbons. Hélas le porte balais en fonte est brisé. Malgré une recherche de pièce détachée, nous sommes rentrés bredouille (ou brokouille pour ceux qui suivent leurs classiques).

Démarreur – Salmson S4 – 61 :

Après avoir décapé les pièces, une rectification de l’induit (rotor) garantit une surface de contact avec les balais optimale et la suppression de toute ovalisation responsable du sursaut des balais avec la vitesse de rotation.

Nous nous attaquons à remettre en état le lanceur à inertie (Bendix). Puis ne pouvons pas sauver le couvercle porte balais, nous faisons usiner une nouvelle pièce en aluminium à la place de l’acier, comme le seront les modèles des années suivantes et de nous jours. Ce sera toujours de gagné en poids. Y croire, c’est l’essentiel, non ?

Serrure – gâche – loquet de la Salmson S4 – 61 :

Quelques étapes de travaux pour sauver ces pièces difficiles à trouver et de fabrication précaire. Nous avons eu raison de chacune mais au prix de nombreuses heures. Certains ressorts ont été refaits par nos soins dans de la corde à piano, réputée pour ses propriétés musicales et surtout mécanique. Apparemment le « La » 440 est encore loin à atteindre !

Système d’essuie glace de la Salmson S4 – 61 :

Plus long que compliqué. Mais le moteur a demandé une manipulation délicate. La graisse transformée en poix au fil du temps, était principalement à l’origine de la lenteur du moteur.

Essuie glace suite et fin – Salmson S4 – 61 :

L’ensemble restauré avec les traversées de tablier.  (les joints seront remplacés si nous les trouvons ou reproduits grâce à notre imprimante 3D)

Pièces restaurées diverses – Salmson S4 – 61 :

Pour ne pas trop alourdir ce dossier, nous affichons quelques pièces restaurées. Il s’agit en principal du contacteur de démarrage avec bloc volant, de réglage d’inclinaison du pare brise, de la commande de frein à main, etc …

Remise en état jauge essence – Salmson S4 – 61 :

Cette accessoires qui indique le volume de carburant fait parti des parents pauvres lors des restaurations. Combien de véhicules anciens sont amenés à l’atelier avec une jauge qui ne fonctionne plus ou très mal, depuis des lustres. Souvent mis sur le dos de l’âge, son non fonctionnement est lié à la difficulté de réparation et aux compétences requises.

L’émetteur à flotteur de cette Salmson est en piteux état. Nous commençons par le désassembler y compris la piste résistive très fragile. Un microbillage va avoir raison de l’oxydation du carter et de l’axe du flotteur. Devant vos yeux ébahis, le Grand Maître avec toute son humilité, va vous distiller les secrets des jauges de cette génération . C’est parti …

Remise en état jauge essence – Salmson S4 – 61 :

Nous allons suivre le sens du courant en partant de la masse du véhicule pour terminer par le pôle positif.

Tout d’abord le carter en Zamac de la jauge doit être parfaitement à la masse via le réservoir via le châssis. Cette masse va se transmettre au balancier (bras avec flotteur) par les deux fines aiguilles serties à droite de l’axe en laiton (non visible sur les photos). Les aiguilles frottent sur l’axe qui porte lui-même les deux frotteurs en laiton. Les frotteurs se déplacent sur le fin bobinage résistif qui entoure la plaque en bakélite. Plus les frotteurs se rapprochent de la borne électrique en laiton sur laquelle sera relié le fil de l’indicateur, plus court sera le chemin emprunté par le courant sur le fil résistif. Le déplacement des frotteurs agit comme un potentiomètre électrique. La borne électrique rejoint le manomètre du tableau de bord. Le mano comporte des bobines électrique (petits électro-aimants) qui attireront l’aiguille plus ou moins vers le maximum (le plein). On obtient alors une lecture du niveau de carburant dans le réservoir proportionnelle au déplacement sur la plaquette résistive. Elle déchire mon explication, non ?

Ensuite, nous désoxydons avec prudence et délicatesse la piste bobinée. Désoxydant à contact, fin papier de verre (800) et du doigté : sus à l’oxydation. Ensuite remontage, remplacement éventuel du bras (un rayon de vélo ou de la corde à piano fera l’affaire), pose d’un nouveau flotteur et test avec un appareil de mesure sorti de nos esprits technico-créatif.

Reconstruction de la structure en bois de la Salmson S4 – 61 :

La boiserie a été atteinte par l’humidité dans sa globalité. La porte AR gauche avait déjà été condamnée à l’époque par suite de l’arrachement des charnières sur le montant. Il est impossible de faire des réparations partielles d’autant plus que le bois utilisé est du hêtre certainement par soucis d’économie. La voiture est confiée à notre ébéniste automobile.

Reconstruction ossature en bois de la Salmson S4 – 61 :

Un vrai travail d’artisanat dans la noblesse du terme. Toute la nouvelle structure est réalisée en frêne massif, bien plus résistant que le hêtre.

Reconstruction du moteur de la Salmson S4 – 61 :

En préambule, je me permets d’informer tous les enthousiastes débutants en mécanique, que ce type de motorisation va requérir beaucoup de réflexion, de connaissances et de soins pour aboutir à un fonctionnement performant et fiable.

Bien que ce soit un « simple » 4 cylindres en ligne, son architecture et sa conception relève d’une technologie d’avant-guerre. Certains assemblages, certains mécanismes seront archaïques et peu intuitifs. Malgré ce, une recherche de performance très intéressante a été réalisée pour cette époque. Ce qui veut dire qu’un mécanicien qui entreprend de la réparer, ne possède pas les fondamentaux sur les renvois d’angle et le calage d’une distribution à double arbre à cames, risque de déchanter rapidement. Enfin, je dis ça, je dis rien.

Revenons à cette mécanique passionnante. Il s’agit d’un embiellage à régule, bielles et ligne d’arbre. Donc refaire le haut, sans refaire le bas, revient à aimer jouer à la roulette russe. Une photo pour vous montrer la phase d’usinage permettant d’obtenir le diamètre du maneton. Mais ce n’est qu’une des nombreuses étapes.

Une fois que toutes les pièces ont été usinées, rectifiées, nous laquons le bloc moteur avec un Festinol orange pour faciliter l’évacuation des dépôts carbonés lors des vidanges. Les pièces sont disposées sur la table du maître. Le maître s’avance avec ses outils. (J’aime bien écrire ça !)

Reconstruction du moteur de la Salmson S4 – 61 :

Une photo des coquilles de palier, régulées de frais et ajustée aux petits oignons. Quel plaisir de manipuler de pièces aussi soignées !  Toucher cette qualité Madame, vous m’en direz des nouvelles 😉

Bon, fini de plaisanter, on remet en place les bouchons du vilebrequin et ceux des canaux d’huile sur le carter en aluminium. On insère les coquilles de la ligne et on présente le lourd vilebrequin.

Reconstruction du moteur de la Salmson S4 – 61 :

Le jeu latéral de la ligne se fait grâce à une paire de coussinets de palier. Autant vous préciser qu’il s’est agit de régler le jeu AVANT de présenter la pièce sur ses coussinets.   Le jeu à obtenir est de l’ordre de 0.10 mm. La valeur de serrage au couple n’est pas indiquée sur les documents techniques. Nous nous sommes basées sur le type et le diamètre de filetage pour définir des valeurs cohérentes : 6.5 m.kg pour la ligne et 4.5 m.kg pour les bielles.

Une fois en place et serrée, la ligne tourne parfaitement à « l’effet de collage » près du régule lubrifié. On a dit collage pas grippage.

Reconstruction du moteur de la Salmson S4 – 61 :

Pour la plaisir des yeux, des gros plans de l’intérieur des bielles. Avouez que cela vaut son pesant de cacahuètes, non ? Même les réserves d’huile sont usinée à la fraise et non pas avec un Dremel à main.

Maintenant, on va vérifier le jeu à la coupe de tous les segments. Oui Monsieur ! J’ai dit TOUS les segments ! Sinon, dans le cas où le moteur peinerait anormalement en montée, qui incrimineras-tu : l’allumage, la carburation, ou des segments mal ajustés qui serrent le cylindre ?

Contrairement au explication de la Revue Technique, les ensembles bielle-pistons ne peuvent entrer que par le bas du bloc cylindre. Les tête de bielle sont un peu trop larges pour passer dans les cylindres. C’est bien balot, comme dirait Fabrice !

En conséquence, il faudra présenter l’ensemble au bas moteur, sans oublier de mettre le joint spécial d’embase.  Globalement c’est beaucoup moins pratique si on veut rester poli.

Reconstruction du moteur de la Salmson S4 – 61 :

Avant de présenter le bloc cylindre, il faut monter le pignon de renvoi d’angle. A ce stade, le remontage va se corser. J’aime bien quand il faut gamberger.

C’est comme pour les couple conique, tu utilises la même méthode du Tac-Tac. Si pas assez de jeu, on rajoute des épaisseurs de joint sous la bride et si trop, on en enlève. On peut même pour faire les choses comme il faut mettre un petit coup de comparateur et ainsi mesurer le jeu de denture.

Par habitude je présente le bloc moteur vertical. Certains pourront demander pourquoi.  La réponse est simple : parce que !

Dès que possible on vérifie que les pieds de bielle ne sont pas collés d’un côté des pistons. Sinon, il faudra jouer sur l’équerrage des bielles. Ça se fait, il ne faut pas croire, même si on a un peu mal au coeur lorsqu’on applique un effort important sur la tête. Le plus dur c’est la première,  après on y  va franchement.

Reconstruction du moteur de la Salmson S4 – 61 :

La culasse et ses soupapes : ah les soupapes ! Cette sacrée culasse. Elles sont toutes les mêmes qu’on va dit. J’ai pensé très sûrement mais pas la nôtre puisque les soupapes refabriquées par le club ne se montent pas sur celle-ci. C’est l’immense plaisir qu’offrent les mécaniques anciennes. On se croit sauvé et non ! Comme avec Renault (la marque, pas le chanteur) : chaque jour un problème nouveau.

Les guides : ah les guides ! Pour remplacer ces pièces, c’est simple, il n’y a pas de pièces neuves. Au moins on est vite fixé. Aussi, dans ces cas extrêmes, nous utilisons l’article 22. C’est à dire : article 22, tu fais comme tu peux.

N’ayez crainte, nous avons trouvé la solution. Ce sont des guides d’origine Volkswagen qui ont servi de base à usiner.

Le réglage des jeux aux soupapes se fait par changement de pastilles : rien de bien compliqué, mais très innovant pour une techno d’avant guerre.

Un embrayage reconditionné est monté sur le volant moteur rectifié est monté et un disque regarni de neuf. Le roulement centreur est remplacé par une fabrication spécifique car ce modèle n’existe plus depuis fort longtemps.

Caler la distribution de la Salmson S4 – 61 :

Encore une étape que je trouve passionnante. A nouveau, je le redis, des connaissances sérieuses sont à posséder avant de mettre les pattes dedans.  Et comme le dis le proverbe : un homme averti en vaut deux.

Première des choses à comprendre : l’arbre vertical est maintenu par le couvre culasse. Comme il est impossible de caler la distribution couvercle en place, l’arbre non maintenu sortira de son logement dès qu’on fera tourner le moteur. Il est donc indispensable de fabriquer un outil pour éviter qu’il ne monte et ne libére les 2 pignons.

Ensuite : nous allons nous aider du document technique pour retrouver le diagramme de distribution  et essayer de trouver la coïncidence sur le volant moteur. Comme je n’aime pas travailler au pifomètre, un comparateur de bonne qualité sera mon compagnon sécuritaire. C’est bon c’est clair ? Alors on y va.

La culasse est en place et serrée au couple (5 m.kg).

Puis on met en pratique les deux adages suivant :

  • « tu ne crois que ce que tu vois », dixit St THOMAS,
  • « La confiance n’exclut pas le contrôle » dixit Moi.

Donc la première des étapes sera de contrôler que le repère de PMH sur le volant moteur correspond bien au Point Mort Haut du piston 1 ou 4 . Photo 1

Caler la distribution de la Salmson S4 – 61 :

Ensuite, on fait un pré calage des 2 arbres à cames selon les repères que l’on peut trouver sur les anciens pignons.  Ensuite on allume son cerveau et on cherche à faire coïncider le repère FA (Retard Fermeture Admission) avec la soupape d’admission du même cylindre. On se souviendra bien que le repère ne correspond qu’un tour sur deux de vilebrequin car c’est un moteur à 4 temps. Si à ce stade vous avez des doutes, alors plongez-vous dans les cahiers techniques de l’excellentissime site TECHNI-TACOT.com.

On fait de même avec le OE (Avance ouverture Echappement).

Une fois obtenu ceci, le moteur doit pouvoir tourner sans qu’une soupape ne touche son piston, sinon recommencer. Si la rotation est normale, alors on passera au comparateur pour détecter le début d’ouverture ou la fin de fermeture.

C’est simple non ?   Oui en théorie, mais en pratique, il faut se méfier des jeux de denture, du jeu vertical de l’axe de renvoi, etc. C’est la bonne compréhension, la patience, et la précision qui vous garantiront les performances de ce moteur.

Reconstruction du moteur de la Salmson S4 – 61 :

Restauration des carters et couvre culasse.  On veillera à tringler les capillaires en cuivre de lubrification des arbres à cames.

Reconstruction du moteur de la Salmson S4 – 61 :

L’ensemble est magnifique dans son architecture. Quel regret que cette marque ait disparue si tôt.

Reconstruction carrosserie de la Salmson S4 – 61 :

Parce que le temps de travail est considérable de par le nombre d’opérations nécessaire pour obtenir un résultat de qualité, je ne vous présente que quelques étapes principales.

Une fois que la tôlerie de la caisse est bien avancée, celle-ci est mis en apprêt. De nouveaux contrôles sont réalisés avant de boulonner la structure sur le châssis. Ensuite les ailes sont reconstruites en vue de l’association avec la caisse.

Reconstruction carrosserie de la Salmson S4 – 61 :

Vient alors le moment de présenté l’imposante partie avant et les 4 ailes. Le réglage des jeux, le respect de la concordance des lignes de carrosserie demande beaucoup de patience.

L’ensemble capot, calandre, plage avant et ailes est conséquent dans sa mise en œuvre.

Reconstruction carrosserie de la Salmson S4 – 61 :

Les planchers sont décapés, réparés et laqués. La mise ne place st possible puisque la caisse est fixée.

Les carrossiers s’occupent des portes. Une conception bien délicate sur ce modèle et surtout par rapport à d’autres d’avant-guerre. Les tôles représente une peau clouée sur la structure de bois.

Le réglage des jeux se corse du fait de la structure en bois.

Reconstruction carrosserie de la Salmson S4 – 61 :

Une fois les dernières correction apportées, la caisse est déshabillée et peut recevoir sont apprêt final suivi du ponçage à la cale. Ce n’est qu’après que les couches de laque seront appliquées. La livrée choisit par notre client s’approche d’une teinte ivoire, un coloris élégant pour cette belle voiture.

Reconstruction carrosserie de la Salmson S4 – 61 :

Voici la belle Dame, dans sa nouvelle livrée ivoire.

Moutardier Cotal de la Salmson S4 – 61 :

De la patience, voilà ce que demande principalement cette restauration. Tous les plots ont été dessoudés, remplacés puis ressoudés. Les vis ont ajustée en longueur. La carcasse va au laquage.

Instruments de mesure – planche de bord – Salmson S4 – 61 :

Démontage soigneux – nettoyage délicat – travail d’horlogerie.

Instruments de mesure – planche de bord :

Démontage soigneux – nettoyage délicat – travail d’horlogerie.

La planche de bord est laquée en marron comme à l’origine. Les trous inutiles rajoutés au courant de la vie du véhicule ont été bouchés par soudure.

Le manomètre de température de liquide avec sonde par capillaire est fonctionnelle.

Les commandes à tirette nettoyées pour conserver leur teinte ivoire.

La conne de direction a perdue ses bagues de rotation. Nous commandons des barreau de polyéthylène pour usiner des bagues qui assureront le coulissement sans jeu de la colonne.

Commande Labinal – Salmson S4 – 61 :

Magnifique appareil de commande destiné à l’éclairage, au changement de direction  et à l’avertisseur. Encore une fois, le démontage révèle la nécessité de restaurer l’appareil. Hormis son aspect vétuste, il va falloir refabriquer la zone de contact qui a lentement brulé à cause d’un courant trop important. Souvent certains conducteurs se réchauffaient leurs mains l’hiver, en position éclairage. Le sauvetage passe par la fabrication d’un renfort isolant en PLA (couleur caramel) avec notre imprimante 3D. Ainsi, le contact de fin sera totalement fixé sur la plaque par cet intermédiaire. Pour supprimer le problème d’échauffement, un ensemble de relais de puissance est discrètement fixé sous la planche de bord. Ils assureront la partie puissance des code et des phares. Seule une intensité très faible traversera les contacts du Labinal. Le comodo une fois restauré est testé avec une alimentation de labo. Le bilame intégré assure parfaitement la fonction clignotant.

Pour résumer, ce comodo permet les fonctions suivantes :

  • activation de la fonction éclairage (bouton tirez-poussez)
  • sélection de l’éclairage veilleuse/code/phare – A noter que les véhicules de conception 50′ voient leur lanternes avant s’éteindrent lorsque l’éclairage passe en code ou phare. Par contre les lanterne arrière restent éclairées sur les positions veilleuse/code/phare.
  • clignotants gauche droite
  • Klaxon

Eclairage intérieur :

Voici une bien jolie pièce toute mignonne qui nous a demandé beaucoup de temps pour la remettre en fonction. Certains diront que pour réparer un interrupteur il n’y a pas besoin de sortir de L’ENA. Mais les choses de petites tailles demandent souvent des prouesse et beaucoup de volonté pour les sauver.

En l’occurrence, c’est l’interrupteur à glissière qui a rendu l’âme. Comme je n’ai trouvé aucun modèle similaire en bon état, il a fallu oeuvrer.  L’isolant en bakélite se délite, je le refabrique par impression 3D.   Quant à la lamelle de cuivre qui coulisse pour se relier à la masse dans la position éclairage, j’ai acheté un rouleau de 10m de bande de cuivre.  C’est beaucoup m’a-t-on dit, mais d’un autre côté, je peux garantir le stock pour les dix générations de restaurateurs qui me succèderont. Il faut toujours rester positif !

Résultat final, c’est très beau et il aurait été dommage de se priver de ce délicat éclairage à incandescence !

Semelles de feux et phares :

Feux, phares, clignotants, longue-portée ou anti-brouillard, poignées de porte, etc. sont généralement montés sur la carrosserie avec une semelle pour protéger la laque et permettre une étanchéité entre l’accessoire et la carrosserie. En cette période estivale, toutes les concessions Salmson étant fermées, je n’ai donc comme solution :

– couper un bout de chambre à air pour un effet du tonnerre !

– passer un peu de temps sur un logiciel de conception 3D et tracer un modèle sur une nos belles machines High-Tech.

J’ai donc choisi cette seconde solution. Dans l’ordre des photos, l’imprimante en question, l’image 3D numérique, une maquette en matière plastique verte pour essayer sur le feu et le feux avec sa semelle toute neuve.

Photos 4 et 5 : les feux arrière du plus belle effet et très fonctionnel au niveau de leur visibilité, puis les longues-portée équipées de semelles made by Techni-Tacot.

Photos 6 à 8 : les longues portées et les feux jockey.

Électricité faisceau :

Le faisceau trop ancien ne pouvait pas être conservé. Le nouveau faisceau réalisé sur mesure utilise du fil traditionnel normalisé gainé de coton. Ainsi on conserve l’aspect ancien du tissage, tout en bénéficiant d’un isolant de qualité et aux normes actuelles. Nous en avons aussi  profité pour insérer des modules à fusibles permettant une protection électrique sélective.  Le système conserve le bloc fusibles d’origine qui protégeait les circuits d’éclairage. Deux modules ont été ajoutés sous la planche de bord pour sécuriser le reste des accessoires.

Bouchon de vidange :

A l’origine, la vidange de l’huile moteur est commandé par un robinet sur le côté droite du moteur. La manette actionne un boisseau en bronze logé sur une brode en bronze aussi et fixée sur le fond du carter inférieur.

L’étanchéité entre le boisseau et son corps est précaire.  Au mieux, on peut constater un suintement , au pire, une fuite plus ou moins importante.

Aussi, j’ai décidé de fabriquer une autre brode inférieure, avec le logement d’un bouchon de vidange plus courant. J’ai préféré conserver la pièce en bronze pour un possible retour à l’origine facile.

Vous avez aimé cet article ?

Comme nous, partagez votre passion des voitures anciennes en cliquant sur un des boutons de votre réseau social favori.

Dépannage

Eloigné de l’atelier ?
En panne ou immobilisé ?
Nous pouvons allez chercher votre véhicule sur un plateau-remorque.