Citroen Traction 15/6 Oléopneumatique
Restauration d’une Traction 15 cv, moteur 6 cylindres et suspension oléopneumatique – 1955.
Les premières versions apparaissent en 1938 et représentent le haut de gamme chez Citroën avec un moteur de 77 cv pour 2.8 litres cylindrée. C’est en mai 1954 que la dernière évolution offrira le modèle nommé 15-6 H, avec une suspension Oléopneumatique pour l’essieu arrière, système qui équipera la DS19 , un an plus tard.
Tour d’horizon du véhicule choisi :
A première vue le véhicule présente bien. Mais en fait il s’est agit d’une restauration qui souffre d’un manque de profondeur et d’un manque de soin pour rendre confiant son propriétaire. Il suffira de s’approcher de l’œuvre pour découvrir les oubli de l’artiste.
Pour résumer :
- le moteur est bruyant à certains régimes avec l’apparition d’un bruit de claquement peu rassurant,
- la peinture n’est pas bien tendue, de la peau d’orange apparait en grande partie et des écailles de mastic laissent suinter de la rouille,
- les bas de porte sont irréguliers et laissent entendre de la misère cachée sous le masticage
- il en est de même pour les longerons,
- des rustines de petites tailles ont été appliquées sous le plancher,
- les cardans claquent lors du braquage et le demi train gauche à trop jeu lors du passage de défauts routiers,
- la suspension arrière est capricieuse. Lors de la mise en route du moteur, il peut se passer plusieurs minutes avant que la voiture ne se lève alors que le conjoncteur a terminé sa régulation de pression. La correction de hauteur hydraulique est certainement en défaut,
- passage des vitesses : la grille accroche pour passer ou rétrograder 2nd / 1ère. On constate trop de jeu dans les biellettes de commande et les verrous de la grille,
- la sellerie laisse à désirer. Disons que tous les goûts étant dans la nature, je respecte le choix de ce joli velours uni ras lorsqu’il s’agit du pelage d’un Braque de Veimar, mais moins pour une 15-6 !
Comme vous l’avez compris et pour répondre aux exigences de notre client, nous allons entièrement démonter cette voiture pour la restaurer.
Déshabillage du véhicule :
Voici quelques photos prises lors du démontage complet du véhicule. Les principaux reproches concernent très souvent les mêmes points, à savoir :
– il suffit de déposer les accessoires pour retrouver en-dessous l’état vétuste et de la rouille ou des morceaux des anciens revêtements,
– très souvent (trop d’ailleurs), le compartiment moteur est le parent pauvre. De nombreux coups sont visibles, la saleté a été recouverte d’un bon coup de noir à châssis.
– le faisceau électrique d’origine n’a pas été remplacé. Le fils de coton d’époque a perdu ses propriétés isolantes. Un faisceau neuf est indispensable, avec souvent l’ajout de protection électriques pour supprimer le risque d’incendie électrique.
– on retrouve le garnissage de l’intérieur imitation « peau de chien ». (Je sais je suis taquin !)
– la planche de bord a été mal décapée, puis mal laquée.
Déshabillage du véhicule :
D’autres clichés pour avoir une meilleure vision de l’ensemble.
- le train avant ne demande pas plus de commentaires : fonctionnel, mais « moche ». Il faut remplacer les pièces d’usure et décaper chaque éléments pour un remontage soigné et un fonctionnement fiable,
- l’habitacle était encore garni avec une sorte d’isolant en laine de verre. La rouille est bien visible en dessous. Nul besoin de préciser que les anciens revêtements sont chargés de poussières, d’acariens qui accompagnent gaiement les occupants de la voiture pendant les trajets. Même si on peut se passionner pour l’état d’origine, il arrive un moment où, si l’on veut rouler avec le véhicule, il faut refaire à neuf l’ensemble. S’il s’agissait d’une exposition permanente pour un musée, le cahier des charges serait tout autre.
La coque vide et les éléments amovibles vont à l’atelier de décapage. C’est après cette opération que nous saurons évaluer l’état des tôles et les travaux à engager.
Sablage et anti-corrosion :
La mise à nue de l’ensemble de la carrosserie est une phase essentielle dans le chiffrage de la restauration d’un véhicule. C’est à ce stade que les défauts, stigmates d’accidents, corrosions perforantes, réparations en tout genre vont apparaitre. En l’occurrence, cette Traction est loin d’être aussi saine qu’elle en paraissait vu de l’extérieur.
Mais que notre client se rassure, nous avons connu pire et toutes les véhicules confiés à notre enseigne ont été sauvés à ce jour.
Nous remarquons de nombreuses zones où l’acier à fait place à des trous, des traces d’accidents anciens, je dirais des incidents car aucun signe de choc majeur. Par contre, la restauration précédente a consisté à boucher les trous avec du mastic sans remplacement des tôles, ni même débosseler les zones enfoncées.
Maintenant que la caisse est nue et protégée, la reconstruction va se mettre en place.
Reconstruction d’une porte :
Prenons par exemple les travaux apparus après sablage de cet élément de carrosserie :
Extérieurement, on peut remarquer de la corrosion perforante en bas de porte sur l’extérieur et il en est de même pour l’intérieur. Une rainure a déformé le panneau et montre qu’elle n’a pas été réparée par dé cabossage, mais tout simplement mastiquée généreusement. Du vrai travail de maçon, bien généreux dans les quantités !
L’opération demande d’ouvrir la porte en séparant les 2 éléments de tôlerie. Ainsi il sera possible de planer la tôle rainurée à l’aide d’un tas placé à l’intérieur de la porte. La restauration n’est pas une suite d’opérations de cache misère, mais de retour aux forme d’origine, à la conception en sortie d’usine.
Le panneau lui est découpé et remplacé par une tôle neuve et des greffe similaires sont réalisée pour les corrosions intérieures.
Puisque nous en sommes à couper des parties malades, nous procédons de la sorte pour les montants de porte qui montrent des fissures importantes.
Après ces opérations, antigravillonnant, traitement de protection des corps creux précèderont les étapes de de laquage.
Reconstruction soubassement et planchers :
On va faire simplement, il n’est pas possible de conserver quoi que ce soit et les pieds de porte, ceux de tablier, et retour arrière sont en dentelle.
Reconstruction totale : tronçonnage, vérification des équerrages, pose de planchers neufs, de support de sièges et des renforts divers. Les photos illustrent ces étapes longues et fastidieuses.
Reconstruction coffre et jupe arrière :
La dépose des éléments visiblement corrodées permet de voir l’étendue des dommages. Celle-ci est encore plus grave que supposée. Tout est pourri, a été « pétassé » avec des tôles rivetées, ressoudées, masqué avec des emplâtres de mastic. Bref, nous découpons jusqu’à retrouver le métal noble et refabriquons les éléments enlevés.
Le coffre est en piteux état aussi, toute sa partie basse est irrécupérable, ainsi que le porte serrure et son système d’accroche.
Reconstruction suite :
Afficher toutes les phases n’auraient que peu d’intérêt. En voici quelques unes qui clôturent le travail de sauvetage de la caisse autoporteuse.
Mise en apprêt et premiers laquages :
Enfin on parle de finition. Le parcours a été conséquent et le temps passé a dépassé les chiffrages les plus précis possibles. Mais il faut savoir que tant que les éléments de tôlerie ne sont pas déposé (renforts, bas de caisse, tôles diverses de renforcement) il est impossible de connaitre l’ampleur complète des dégâts. Cette Traction nous a réservé bien des mauvaises surprises, tenant compte que la voiture avait été « restaurée » (on va dire retapée à la 6-4-2) quelques années auparavant.
Après l’application des apprêts, nous avons proposé un joli rose suite à la rencontre avec ces 2 modèles terriblement élégants. Comme notre proposition n’a pas reçu un accueil bouleversant, elle s’est orienté vers la teinte AC 601 – Bleu nuit sera retenue pour la carrosserie. Je vois là une sage décision, bien évidemment. Le rose appliqué sur la Traction n’était qu’un léger voile , faisant office de témoin pour le ponçage.
En ce qui concerne les autres teintes, elle respecteront celles du nuancier Citroën millésime 1954.
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